Bizarre ?
« J’ai dit bizarre, comme c’est bizarre »… Disait Louis Jouvet dans Drôle de drame, le film de Carné et Prévert
Chacun en a une définition du « bizarre ». Qu’en dit Larousse ?
Est bizarre ce qui s’écarte de l’usage commun, surprend par son étrangeté, s’écarte du « bon sens », a un comportement « anormal ».
Avons-nous alors raison de qualifier de bizarre ce monde qui vient, et qui est déjà là ?
Le monde a toujours été un étrange mélange de stabilité et de changement.
Héraclite, il y a à peu près 2 500 ans, parlait de « ce qui change dans ce qui demeure et ce qui demeure dans ce qui change ».
Actuellement, les changements s’accélèrent, ce qui donne à penser que nous franchissons un basculement civilisationnel. Beaucoup éprouvent la sensation ou l’ivresse d’une bascule : le socle (en particulier de valeurs) qui nous supportait jusqu’au siècle dernier ne semble plus pouvoir nous assurer de repères stables.
La mondialisation a introduit les grands mérites de la standardisation… Mais la planète semble se rebiffer à la perspective de devoir entrer de force dans un moule unique.
La sédentarisation, à l’origine de notre civilisation agricole, nous avait appris à « soumettre » la terre (et finalement les gens « sans terre »). Nous l’avons fait avec une efficacité croissante. Mais voilà que l’on découvre que cette terre, notre « maison commune », est fragile. Elle n’est pas inépuisable. Alors, un nombre croissant de citoyens du monde se mettent à penser que notre modèle actuel prend une tournure suicidaire. Ils se mettent à comprendre que Liberté Égalité Fraternité peut être un triptyque pertinent et non un slogan pour endormir les peuples !
La technologie ouvre d’immenses espoirs dans tous les domaines… Mais elle suscite des inquiétudes car elle peut générer des dystopies, que ce soit dans la santé, l’éducation, le travail, la culture… Et finalement dans la vie elle-même.
La loi du plus fort a construit une société de la compétition, sélectionnant les plus vigoureux… Elle semble atteindre une limite et devoir laisser la place à la loi du plus adaptable et privilégiant les plus matures, responsables, entreprenants et créatifs.
La centralisation exacerbée des pouvoirs a permis de construire les grands empires… Elle produit maintenant l’évidence de décisions contestables, dramatiques, caricaturales et inadaptées.
On assiste à un renouveau démocratique avec de fortes mobilisations de terrain et, paradoxalement, à une désertion des bureaux de vote. Le besoin de changement passe par une remise en question du personnel politique et des institutions. Toutes les formes d’autorité, telles que la justice, la police ou encore la banque, subissent ces remises en cause. Même le système scolaire est touché.
Avec l’essor des réseaux sociaux, on communique de mieux en mieux avec le lointain et l’anonyme… et de plus en plus mal avec les proches, pourtant bien réels.
Le monde est paradoxal
Alors, des voix s’élèvent pour soutenir que le gratuit et le marchand, au lieu de s’opposer, peuvent être interpénétrés comme des regards complémentaires sur les différents types d’échanges dont les hommes ont besoin pour exister et progresser. C’est d’ailleurs le paradoxe qui pousse au processus essai-erreur et qui fait avancer toutes les espèces vivantes.
Ce monde nouveau nous apparaît aujourd’hui habité de paradoxes inattendus, comme s’il révélait des paradoxes enfouis.
Nous ressentons la nécessité de pratiquer la « convergence » des champs de recherche. Exemple : à travers les NBIC (nanotechnologies, biologie, informatique, cognitique), popularisée par l’Université de la Singularité. Le flou des limites entre les « sciences dures » et les « sciences molles » devient une source d’inspiration majeure, avec le risque que tout le monde s’autorise à parler de tout et que personne ne parle plus de ce qu’il connaît vraiment ! Nous nous autorisons à voir le monde entre la poésie et la raison, le rêve et l’opérationnel… Nous brassons sans cesse les talents et pour cela, nous avons besoin de libérer leur confiance réciproque.
Quand l’inconnu se mêle sans cesse à l’imprévu, il n’est plus possible de faire sans les autres. Nous en avons besoin, pas seulement comme un appui, mais comme une condition de vie, voire de survie.
Les modèles organisationnels, construits comme des pyramides et bien ancrées sur un sol supposé stable, ne fonctionnent plus. Ils s’épuisent et épuisent les hommes. Les rapports sachants - exécutants, décidants – obéissants, certains disent profiteurs – exploiteurs, explosent dans l’ultra communication et les impératifs de collaboration.
Fin des modèles qui écrasent la diversité en croyant développer les talents. Fin des relations simplistes face aux enjeux complexes.
Place à la confiance
Les modèles de substitution qui s’impose repose sur la confiance entre les Hommes.
La confiance a toujours été un enjeu, mais elle devient cruciale pour construire l’écosystème vital, composé des innombrables sous-ensembles qui forment notre monde, dans lesquels évolue chacune des personnes qui le composent.
Comment peut-elle contribuer à permettre à chacun de trouver sa place et à croître dans un monde harmonieux ? Comment se construit la confiance en l’autre… Et son préalable la confiance en soi ? Comment toutes ces innovations qui façonnent notre monde nouveau peuvent être mises à profit sans altérer cette précieuse confiance qui nous lie.
39 Quai du Président Roosevelt
Issy-les-Moulineaux, Île-de-France, 92130
France
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